dimanche 14 juillet 2013

Les Lisières d'Olivier Adam


Me voici très en retard dans la rédaction de mes petits avis de lecture...
Je n'ai toujours pas parlé de la Septième Vague, et plus le temps passe, plus mes souvenirs s'en étiolent...
Mais tant pis, aujourd'hui, je reprends les bonnes habitude avec le dernier Adam.

Ouuuh, je l'ai guetté, celui-ci, à sa sortie... J'ai hésité, à l'acheter. Maintes et maintes fois, je l'ai pris en mains, j'ai tiqué à la lecture de la quatrième de couverture, je l'ai reposé... Je crois qu'il n'y a pas à dire... Je trouve un livre de poche mille fois plus attirant qu'un livre grand format. C'est comme ça, ça ne s'explique pas ! Lorsque je suis tombée sur Les Lisières en version poche... Ni une ni deux, il était dans mon panier !

Parlons peu mais parlons bien, le résumé :
"Tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence : sa femme l'a quitté, ses enfants lui manquent, son frère l'envoie s'occuper de ses parents, son père ouvrier s'apprête à voter FN et le tsunami ravage le Japon, son pays de coeur. De retour dans la banlieue de son enfance, il n'aura d'autre choix que se tourner vers son passé pour comprendre le mal-être qui le ronge. Comment devient-on un inconnu aux yeux de ses proches ? Comment trouver sa place dans un monde devenu étranger ?"
[Résumé Editeur, chez J'ai Lu, impr. 2013, isbn : 978.2.290.06848.9]
Il devient connu que je surkiffe Olivier Adam. Il est "mon genre"... Un style fluide, des idées torturées, une envie de parler de notre société... Il met le doigt là où ça fait mal : je ne dis pas que cela sert "à quelque chose", mais personnellement... Ca me fait plaisir de lire quelqu'un qui souvent partage ma vision du monde.
J'avais adoré A l'abri de rien (), encore plus Des Vents contraires () qui pour moi reste une petite claque littéraire...
Quant aux Lisières...
Et bien, je l'ai bien aimé aussi ! Je lui mettrais une étoile de moins, peut-être...

Pourquoi ? Les deux autres romans que j'évoquais plus haut, étaient de longueur moyenne dirons-nous. Avec les Lisières, Adam signe un pavé de 500 pages très dense, notamment au niveau du rythme. Il n'était pas rare qu'une bonne dizaine de pages s'écoulent sans aucune respiration dans le texte, mis à part des points ou des virgules. Pas un saut de ligne, pas un alinéa, mais des blocs de mots, carrés, taillés au couteau. Le lecteur doit suivre l'auteur et son narrateur sans s'arrêter, il faut lui coller aux basques à ce Steiner, l'accompagner sur le chemin de ses pensées et de ses coups de gueule.
Parce qu'il y a ça aussi... Paul Steiner n'est pas un personnage très sympathique. Il est malade, habité par la Dépression. Et lorsque nous mêmes, nous nous sentons bien, et que nous tombons sur quelqu'un comme ça... Je crois qu'il est humain d'avoir parfois envie de lui secouer les puces (même si cela ne sert à rien, j'en conviens...).

Après, ce livre m'a beaucoup touchée personnellement. L'univers qu'Adam décrit me parle, notamment ses descriptions des petites villes de banlieues parisiennes et certains ressentis. J'ai lu ce livre avec un crayon à la main, des marques-pages, des post-its.
En voici quelques extraits :
"Dans les sanitaires des routiers se rasaient face aux grands miroirs, des commerciaux rajustaient leur cravate, une grosse femme noire récurait les chiottes, un instant je me suis demandé ce qui les faisait tenir tous. Se payer un toit, nourrir leurs gamins, pas beaucoup plus, ai-je pensé. L'amour des leurs. Quelques menus plaisirs arrachés à la grisaille. Rien d'autre." p. 37
"J'ai regardé autour de moi et j'aurais voulu que ça me quitte enfin, cette manie de voir partout des gens usés, quand ils ne l'étaient peut-être pas. Pas autant que je le pensais en tous cas. J'aurais voulu être capable de voir les choses autrement, de ne pas imaginer de failles même derrière les plus belles carapaces." p.40
"Je ne lui ai pas dit qu'au fond ce qu'il appelait <<chez lui>> n'était pas <<ici>> mais <<avant>>, dans sa jeunesse et que c'était bien le problème des vieux, qui rêvaient que leur pays redevienne celui qu'il était quand ils avaient vingt ans, comme si ça pouvait les leur rendre." p.136
"En dépit de tout ce que je pouvais en dire ou écrire, je n'étais plus d'ici. Et puisqu'il semblait acquis que je ne serais jamais non plus d'ailleurs, j'étais désormais condamné à errer au milieu de nulle part." p. 168
Un livre qui restera quelque part dans ma tête.

J'ai aussi Falaises d'Adam qui traîne quelque part... Il faudrait que je m'y remette... Mais pour l'heure, je suis sur un petit thriller dont je vous reparlerais tantôt !


Bonne lecture à tous !

[crédit photo : Benches, de Dynamosquito, via Flickr.com]

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