dimanche 1 décembre 2013

Une part de ciel de Claudie Gallay


"Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa soeur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n’est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, lebeau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse… Dans le gîte qu’elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l’artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n’a rien d’évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d’enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s’écoule, le froid s’installe, la neige arrive… Curtil sera-t-il là pour Noël ?
Avec une attention aussi intense que bienveillante, Claudie Gallay déchiffre les non-dits du lien familial et éclaire la part d’absolu que chacun porte en soi. Pénétrant comme une brume, doux comme un soleil d’hiver et imprévisible comme un lac gelé, Une part de ciel est un roman d’atmosphère à la tendresse fraternelle qui bâtit tranquillement, sur des mémoires apaisées, de possibles futurs."
[Résumé éditeur]

Cela fait quelques années maintenant que Claudie Gallay fait partie de mes valeurs sûres. J'avais adoré son Dans l'or du temps (★)... Elle avait essayé de me perdre au milieu de ses Déferlantes (★★★☆☆) et au final, je ne l'en avais aimée que davantage. J'avais été étonné de découvrir que ces deux histoires si différentes avaient été rédigées par la même main ! En tenant mon exemplaire d'Une part de ciel sympathiquement offert par Price Minister pour ses matchs de la rentrée littéraire, je ne savais pas encore quelle Claudie Gallay j'allais retrouver et, je ne savais pas laquelle j´avais plus envie de lire !
Très vite, le ton est donné : c'est l'ambiance des Déferlantes que l'on retrouve. Bien que le contexte géographique soit différent, l'histoire est la même : une femme, plus toute jeune mais pas encore d'âge mur, arrive dans un lieu. Elle est seule, elle vient d'être quittée et sa vie semble arriver a un tournant. Les Déferlantes se situait en Bretagne, une part de ciel est dans les alpes... Il y a une diagonale entre ces deux décors et pourtant ! J'ai eu la sensation que c'était les mêmes endroits, les mêmes gens. Les vagues sont remplacées par les feuilles des arbres, les oiseaux marins par les écureuils. Claudie Gallay est une reine des atmosphères. Elle décrit chaque petites choses, chaque petit geste du quotidien, chaque petit tour de cuillère dans un café crème accoudé au zinc, chaque petit flocon de neige qui se pose doucement sur une branche de chêne. Alors oui, c'est long. C'est même très long. 400 et quelques pages de détails accumulés jusqu'à former des pans de vie, des liens entre les personnages, des questionnements incessants sur la place que chacun d'eux semble occuper dans leurs histoires communes. "Et si ?"... "Et est-ce que tu crois que...?" La narration est construite au jour le jour, comme un journal intime oral. Carole raconte :
"Lundi 3 décembre
On était trois semaines avant Noël. J'étais arrivée au Val par le seul train possible, celui de onze heures. Tous les autres arrêts avaient été supprimés. Pour gagner quelques minutes au bout,  m'avait-on dit.
C'était où le bout ? C'était quoi ?
Le train a passé le pont, a ralenti dans la courbe. Il a longé le chenil. Je me suis plaqué le front à la vitre, j'ai aperçu les grillages, les niches, les chiens. Plus loin, la scierie sombre et la route droite.
Le bungalow de Gaby, la boutique à Sam, les boîtes aux lettres sur des piquets, le garage avec les deux pompes et le bar à Francky.
On avait bâti des maisons tristes cent mètres après la petite école. Les stations de ski étaient plus haut, sur d'autres versants.
J'ai pris ma valise. Je l'ai tirée jusqu'à la porte."
Bienvenue au Val.

L´attente.
On attend avec Carole et les siens. L'attente est longue et pesante. Lorsque nous Lecteur, tournons les pages les unes après les autres, c'est usant. Mais c'est aussi la force de l'écriture de Gallay. Je n'ai pas encore fini ce livre, je vais donc retourner y attendre Curtil moi aussi. Que vient-il annoncer ? Quelles seront les révélations finales ? Je pense d'ores et déjà deviner que ce n'est pas là que ce situe la clé de l'histoire.
Tout comme les enfants et Noël, elle est dans le pouvoir de savoir savourer l'attente.

[Crédit photo : Alpes d'automne, de Christophe Sertelet via flickr.com]

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